Los Angeles Downtown
Dans les grandes villes, on se demande souvent où se situe le centre-ville ; parfois même, il n'y en a pas. Los Angeles en est un bon exemple : c'est si grand et si divers qu'il est difficile d'y voir une unité et un centre. Pourtant, il y a bien ici un quartier qu'on appelle Downtown, nom que les Américains donnent généralement à leur centre-ville. Quelles sont les caractéristiques de ce quartier et que peut-on y faire ? Je vous dis tout sur Downtown Los Angeles découvert l'été dernier !
Le cœur
El Pueblo, le village fondé par les Mexicains à la fin du 18e siècle (cf. photos ci-dessous), est le point de départ de Los Angeles. La ville s'est développée autour de ce cœur historique jusqu'à devenir la mégalopole que l'on connaît. Mais Los Angeles a-t-elle vraiment un centre ? En parcourant la ville, je me suis vite rendue compte du caractère polycentrique et éclaté de L.A. : ici, il n'y a pas un centre mais des centres ! On cherche une unité, on découvre un patchwork, ce qui déroute souvent les visiteurs qui ne lui consacrent que peu de temps. Officiellement, il y a un centre-ville que l'on nomme Downtown (ou parfois Central City) et qui a son importance, notamment parce que c'est là que se trouve le Financial District.
Hauteurs
En découvrant pour la première fois Downtown L.A., j'ai été surprise de voir que bien que Los Angeles soit la deuxième ville des U.S.A., il y a très peu de gratte-ciels. Rien à voir avec New York ! Actuellement, il y a dix buildings de plus de 200 m de haut à Los Angeles, alors qu'on en compte plus de 65 à New York. Contrairement à cette dernière, ce qui étonne ici, ce n'est pas la hauteur mais l'étendue de la ville. Les bâtiments les plus hauts se concentrent dans Downtown, même si on en trouve aussi dans l'ouest de Wilshire boulevard ou dans le quartier de Century City. Comme une photo vaut mieux que mille mots, voici (ci-dessous) la skyline de Los Angeles.
Grandeur et décadence
Downtown Los Angeles s'étend sur 9 km2, compte 40 000 habitants et reçoit 200 000 visiteurs chaque jour (loisirs, travail...). Le quartier se divise en plusieurs districts dont Financial District (un des "poids lourds" du quartier), Arts District, Fashion District, Jewelry District, Little Tokyo ou encore le tristement célèbre Skid Row . Dans ce dernier vit, dans des conditions inimaginables, la plus vaste population de sans-abris des U.S.A., entre 3000 à 6000 personnes dont de nombreux drogués ou malades mentaux.
Autrefois, Downtown était un quartier très animé. Dans les années 1940, il centralisait la quasi totalité des activités commerciales. Mais, après la Seconde Guerre mondiale, Downtown connaît une période de double décentralisation : ses habitants mais aussi ses commerces et entreprises partent vers des quartiers excentrés mais surtout vers la banlieue. La voiture et les autoroutes donnent des ailes aux Angelenos. Downtown perd de son importance, c'est le déclin...
Deuxième chance ?
Dans les années 1980, la spéculation immobilière donne naissance à une nouvelle génération de gratte-ciels. C'est l'époque des Jeux Olympiques de 1984 et d'un début de renaissance ou, tout du moins, de rénovation. Downtown en a bien besoin. Déserté par les classes laborieuses, il est fréquenté par de nombreux sans-abris et drogués. Le crack fait des ravages aux États-Unis et Downtown L.A. n'est pas épargné. Le quartier ne donne pas envie d'y faire une balade ! Pourtant, petit à petit, le marché immobilier des bureaux reprend, on rénove, on met en valeur le patrimoine, on attire de nouvelles populations.
Tel le Phénix
Depuis quelques années, Downtown renaît de ses cendres. Mais cette renaissance ne semble pas liée à une réelle et profonde relance de l'activité économique. Elle tient surtout à l'apparition de nouveaux hôtels, de galeries d'art, de boutiques branchées ou encore de restaurants et de bars. Une offre immobilière intéressante y est également proposée depuis qu'en 2000 la municipalité a autorisé la transformation d'anciens bureaux en appartements. Un loft de 300 m2 au cœur de Los Angeles pour une bouchée de pain par rapport à l'ouest de la ville ? C'est attirant, notamment pour les artistes, les employés qui travaillent ici comme ceux du secteur financier et certains fonctionnaires du Civic Center, c'est-à-dire une population plutôt jeune et aisée. Il suffit d'ailleurs de sortir dans Downtown un soir pour voir que les nouveaux lieux sont branchés et plutôt chics.
Que faire à Downtown Los Angeles ?
Il y a beaucoup de choses à voir et à faire, quels que soient vos goûts. Si vous ne passez qu'un ou deux jours à L.A., la visite n'est peut-être pas "obligatoire" mais si vous en avez le temps, c'est un must see ! Voilà quelques pistes que j'ai testées l'été dernier.
→ El Pueblo : le cœur historique de la ville. On y trouve une église (Nuestra Señora la Reina de los Angeles, photo n°2), une rue, une place... 100% mexicaines et kitsch ! J'avoue que la rue commerçante, la célèbre Olvera Street, m'a beaucoup déçue (artisanat bas de gamme et restaurants pas attirants). Mais c'est un lieu incontournable et l'église vaut un détour.
→ Union Station : juste à côté du Pueblo, il faut entrer dans cette gare datant de 1939 qui marie le style Art déco et la Spanish Colonial architecture.
→ Walt Disney Concert Hall : inauguré en 2003, ce bâtiment incroyable (cf. les deux photos ci-dessus), œuvre de Frank Gehry, accueille l'orchestre philharmonique de Los Angeles. Impossible d'aller Downtown sans lui rendre visite, sans admirer sa silhouette toute de métal vêtue et visiter le Blue Ribbon Garden (situé à l'arrière du Concert Hall et en hauteur, cf. les deux photos ci-dessous).
→ Los Angeles Times : le célèbre journal occupe un immense édifice datant de 1935. Des visites gratuites (en anglais) sont possibles, voir sur leur site.
→ City Hall : on peut accéder gratuitement à l'Observation Deck (au 27e étage) de l'imposante mairie de L.A., construite en 1928 dans un style Art déco. Vue grandiose sur la ville garantie !
→ Little Tokyo : j'ai eu un coup de cœur pour le quartier japonais de L.A. ! Même si ce lieu, fondé au tout début du 20e siècle, est assez prisé des touristes, il respire l'authenticité. Ne ratez pas le Japanese Village Plaza (cf. photo ci-dessous, un petit centre commercial à l'air libre, sympa et joli comme tout). On peut aussi faire quelques achats à Weller Court, chez Kinokuniya (livres, magazines, gadgets...) et au Marukai market (supermarché japonais).
Et quoi d'autre ?
Si vous avez encore du temps, que Downtown vous plaît, voilà d'autres pistes :
→ La Skyline : ok, ce n'est pas dans Downtown mais c'est vraiment à voir ! Pour admirer la silhouette des gratte-ciels de Downtown (très photogénique), plusieurs points de vue sont possibles : de jour, on a une jolie vue depuis le Griffith Observatory, malgré un fréquent smog, et la nuit, comme dans un rêve (ou un film ?), on peut l'admirer depuis Mulholland Drive.
→ Bradbury Building : si vous aimez l'architecture, cet immeuble de bureaux classé aux monuments historiques est pour vous. Construit en 1893, il a servi de décor à de nombreux films et séries (Chinatown, Blade Runner, The Artist...). Une partie du bâtiment se visite.
→ The Broad : à côté du Walt Disney Concert Hall, s'est ouvert en 2015 un musée consacré à l'art contemporain. L'édifice, caché sous une résille de béton, est étonnant et on dit beaucoup de bien de ses collections (il a ouvert juste après mon séjour à L.A.). Entrée gratuite (sauf expos spéciales) mais sur réservation (il faut s'y prendre à l'avance !).
→ Grand Central Market : situé dans Broadway, ce grand marché couvert date de 1917. Il est ouvert tous les jours et toute la journée. On peut y faire ses courses mais aussi se restaurer sur place. Plus d'infos sur son site.
→ Les parcs de Downtown : bien qu'on soit dans un environnement hyper urbain, il y a quelques parcs ici dont le joli Grand Park (cf. photo ci-dessous) et Pershing Square Park plus petit et plus ancien.
Il y a encore plein d'autres choses à faire et à voir : vous trouverez des idées sur le site de TimeOut par exemple et dans les guides touristiques.
Bilan
Sauf si vous ne restez que quelques heures à Los Angeles, je vous conseille d'aller découvrir Downtown car c'est un autre aspect de la ville et il y a beaucoup de choses à voir et à faire. Durant notre long séjour à L.A., nous y avons passé deux journées mais cela n'a pas suffi pour tout voir. C'est un quartier qui a connu le déclin mais qui est en pleine renaissance, ce qui passe par la gentrification, avec ses bons et mauvais côtés. Le nouveau Downtown juxtapose un milieu branché et aisé et un monde défavorisé, parfois à l'extrême. Appréhender avec justesse Los Angeles, qui comme Downtown est vaste et hétérogène, demande du temps. Ce patchwork géant a tant de facettes différentes qu'on a parfois du mal à croire qu'on est toujours dans la même ville ! Mais c'est un de ses charmes. Welcome to Downtown alors !
Pour en savoir plus
→ Sécurité : le soir, on peut sortir sans soucis dans certaines zones de Downtown mais il y en a aussi où il ne faut pas se promener, Skid Row par exemple. Non seulement cela serait inconscient mais je trouve indécent d'aller volontairement voir cette extrême misère.
→ Skid Row : pour en savoir plus sur ce district, cf. ce texte en français et cet intéressant article sur son avenir.
→ Renaissance de Downtown : bon texte et superbes photos dans cet article du Monde.
→ Adresses branchées dans Downtown : les meilleures sont à découvrir sur le beau site de L.A. Downtowners. Pour sortir le soir, toute une série de lieux ouverts ces dernières années participent grandement à la renaissance du quartier. Il s'agit d'hôtels, de restaurants, de bars de nuit généralement installés dans des buildings historiques. On ne peut pas tous les citer mais en voici quelques-uns : Ace Hotel Downtown L.A. (hôtel, bar, restaurant et bien plus, ouvert en 2014 dans l'ancien bâtiment de la United Artists / 1927), The Standard (hôtel et rooftop-bar installé dans l'ancien siège de la Superior Oil Company / 1956), The Perch (rooftop-bar et restaurant ambiance "bistrot français", perchés aux 15e et 16e étages d'un building avec vue imprenable sur la Skyline) et The Edison (night-club ultra branché ouvert en 2007 dans un building datant de 1910).
Photos : VNS sauf n°1 Slices of Light C.C., n°5 et 15 Joe Wolf C.C., n°6 Metro Library and Archive, n°7 Chris Jepsen C.C., n°9 Maddish C.C. et n°14 Prayitno C.C.
Commentaires
Downtown est Mon coin préféré de LA avec Abbot Kinney et les canaux de venice.
mes bons plans :
Boire un verre sur le rooftop du Ace au bord de la piscine (on prend juste l'ascenseur même si on n'est pas client de l'hôtel) et manger un morceau au Grand market avant d'aller découvrir les anciens cinémas sur broadway.
et surtout marcher des heures dans Art District pour voir les graffs, les bâtiments industriels rénovés en lof ou encore en transition (american apparel factory) et la rivière enfermée dans son coeur de béton, s'arrêter dans les innombrables hipster coffe shop ( les classiques blue bottle et stumptown ou le plus beau : le Daily dose), acheter des beaux objets chez Poketo, voir des expo gratos dans la gallerie Hauser Wirth and Schimmel et finir à la Angel city brewery pour une bière locale !
Je suis bien d'accord avec toi qu'une visite "touristique" dans Skid Row est indécente.
Pour autant c'est un endroit très particulier si on parle bien anglais et qu'on peut y investir un peu de temps... j'y ai rencontré des gens très intéressants. Une autre image de cette ville et des US en général.
c'est un lieu de conflit de classe et de relégation des plus démunis (en terme d'argent et de difficultés sociales - depuis les vétérans, jusqu'à la question de la prise en charge des personnes avec des problèmes psychiatriques aux US -). Une image violente de l'amérique et de la gentrification.
Le documentaire sur netflix "Lost Angels" est passionnant également !
des bises
marie
Bonjour Marie. Merci pour ce commentaire et pour ces pistes. Cela me donne envie d'y retourner ! Oui Downtown semble un quartier un peu à part à L.A., un quartier vaste et hétérogène avec des contrastes frappants (c'est ça l'Amérique). J'ai trouvé qu'on y croise que peu de touristes. Malheureusement, on dirait que les voyageurs ne s'arrêtent pas à Los Angeles (malgré tout ce que la ville a à offrir) et surtout pas dans Downtown (trop pressés, se limitant au bord de mer, à Hollywood, etc). Je me souviens d'avoir lu, juste avant mon séjour, l'avis d'un français disant que L. A. n'était vraiment pas intéressante, rien à voir sauf Universal Studios, la seule raison d'un arrêt à L.A. d'après lui. Quelle tristesse... À bientôt !
super quarter, les photos sont magnifiques aussi
Ca me donne tellement envie d'y retourner ! pas de studios, ni Hollywood lors de notre voyage, tu as raison, LA est tellement plus que ça !
Et oui, si on succombe aux charmes de L.A. c'est dur de ne pas avoir envie d'y retourner ! ;)