Madrid : le musée Sorolla
En août dernier, lors d'un nouveau séjour à Madrid, je cherchais des idées pour sortir des sentiers battus et faire de nouvelles découvertes. Les bons conseils et photos de Marie-Anne m'ont donné envie de visiter le musée Sorolla. Ce fut un coup de foudre ! Je crois que lors de mon prochain passage à Madrid, j'y retournerais avec plaisir. Je vous raconte ?
Joaquín Sorolla
Dans le district de Chamberí, lieu de résidence de l'aristocratie aux 19e et 20e siècles, cachée derrière de hauts murs, se trouve la maison-musée Sorolla. Très peu connu des Français, Joaquín Sorolla y Bastida est un peintre espagnol né à Valencia en 1863 et mort près de Madrid en 1923. Il appartient aux courants impressionniste, post-impressionniste et luministe. De vocation précoce, Sorolla étudie d'abord le dessin dans sa ville natale de Valencia avant de s'installer à Madrid avec sa femme et leurs enfants. Photo ci-dessous : le peintre et sa famille (Joaquín Sorolla est à gauche, assis dans le fauteuil).
Il devient très vite un peintre réputé et demandé. Ce succès lui permet d'imaginer une vaste demeure réunissant habitation familiale et atelier personnel. Son rêve se réalise en 1911 avec la construction de cette maison. Son atelier donne directement sur le jardin et se compose de trois vastes et lumineuses salles de toute beauté. Après la mort du peintre, sa veuve Clotilde lègue la maison à l'État espagnol afin d'y créer un musée dédié à son mari. La famille fait également don d'œuvres pour enrichir les futures collections. Le musée Sorolla est inauguré en 1932. Pour se faire une idée de l'édifice au début du 20e siècle, vous pouvez faire défiler les images d'époque ici.
Les collections du musée Sorolla
L'actuel musée Sorolla possède un immense fond composé de 1294 tableaux du peintre, 4985 dessins de sa main et 164 œuvres d'autres artistes. Il comprend également des dizaines de sculptures de grands noms (dont Rodin) et 7167 photographies prises par Sorolla lui-même et par d'autres dont son beau-père, Antonio García Peris, un célèbre photographe valencien.
On peut également admirer la collection de céramiques traditionnelles de Joaquín Sorolla qui regroupe des pièces allant de la fin du 15e siècle au début du 20e. Certaines sont regroupées au rez-de-chaussée du musée (cf. photo ci-dessous) tandis que d'autres font partie intégrante de la maison (par exemple, les carreaux des revêtements muraux ou ceux utilisés pour le jardin andalou).
Que voir ?
Le musée Sorolla n'est pas bien grand mais il est très agréable. Si comme moi, vous le visitez un jour calme, vous profiterez d'une ambiance feutrée et pleine de quiétude. Rien à voir avec les autres musées madrilènes.
De la rue, la vaste calle General Martínez Campos, on pénètre dans les jardins imaginés par le peintre lui-même. On entre dans le musée non pas par l'ancienne porte principale mais sur le côté, par le patio andalou. En son centre trône une fontaine recouverte d'azulejos et autour se trouvent les anciennes dépendances ainsi que la billetterie et une petite boutique.
Pour accéder à la salle 1, il faut ressortir et passer de nouveau par le jardin. On entre alors dans les trois grandes pièces (salles 1, 2 et 3) qui servaient d'atelier à l'artiste. C'est là que les visiteurs découvrent les premiers tableaux de Sorolla : ils sont splendides et immenses ! La salle 2 quant à elle était le bureau du peintre, là où il recevait ses clients et exposait ses dernières œuvres.
On pénètre ensuite dans la salle 3, ma préférée : l'atelier de l'artiste (cf. la photo de couverture et celle ci-dessous). La lumière et la hauteur de plafond sont impressionnantes, tout comme les nombreux tableaux qui recouvrent les murs colorés. C'est l'un des très rares ateliers d'artistes de cette époque aussi bien conservés, un bijou exceptionnel ! Nous ne sommes pas dans une galerie créée afin de présenter les œuvres du peintre mais dans sa maison et son atelier personnels, au milieu de ses meubles, de ses toiles...
Après cela, on passe dans la partie habitation, d'abord dans le lumineux et élégant salon puis dans la salle à manger décorée de marbre et d'une guirlande végétale peinte par Sorolla. Nous sommes au cœur de la vie familiale du peintre, plongés dans le Madrid bourgeois et artistique du début du 20e siècle. La visite se poursuit à l'étage où seule une partie des pièces est accessible au public et est consacrée aux expositions temporaires (j'y ai vu une très intéressante exposition de photographies de Sorolla et sa famille, parfois faites par lui, parfois par d'autres).
Sous le charme
Il faisait très chaud ce jour-là ; à la fin de la visite, une pause dans le jardin m'a semblé nécessaire. J'ai eu l'impression d'être dans une oasis, plus proche des jardins de l'Alhambra de Grenade que du tumulte de Madrid. Les visiteurs étaient rares, on n'entendait que le gargouillement des fontaines du jardin, c'était silencieux et beau. Difficile de croire que j'étais en plein cœur de la capitale espagnole !
La beauté et les couleurs des tableaux de Sorolla sont saisissantes. On dit de lui qu'il est le maître du blanc et de la lumière naturelle. Je veux bien le croire ! Sur différentes photos d'époque, on le voit poser son chevalet en extérieur, souvent au bord de la mer, et peindre les pieds dans l'eau ou dans l'herbe. L'époque dite "coloriste" de Sorolla est avant tout constituée de paysages impressionnistes mais il réalisa également de très nombreux portraits. J'aime beaucoup ceux qui représentent sa femme Clotilde, son charme, sa présence et sa gracieuse silhouette. Les scènes de mer et les portraits d'Espagnols en costumes traditionnels m'ont également fascinée.
Bref, je suis tombée sous le charme de cette maison et je ne peux que vous conseiller d'aller la visiter.
Merci Marie-Anne pour cet excellent conseil !
Infos pratiques
→ adresse : c/ General Martínez Campos 37, Madrid (métro 7 ou 10 / arrêt "Gregorio Marañón" par ex.).
→ entrée : 3 € (gratuit pour les enfants, étudiants, retraités...) + le samedi AP et le dimanche.
→ horaires : mardi/samedi de 9h30 à 20h et dimanche de 10h à 15h (à vérifier).
→ site internet du musée Sorolla.
Pour en savoir plus
→ Vous pouvez (re)lire mes précédents articles Madrid : les incontournables et Madrid : les bonnes adresses de 7h09.
→ Les sites de l'Office du tourisme de Madrid et celui de TimeOut Madrid.
→ Pour en savoir plus sur l'œuvre picturale de Sorolla, cf. Google Arts and culture.
Photos : 7h09 sauf photos 1 (C. Uranga, C.C.), 7 et 12 (Wikipedia).
Commentaires
Je suis tout à fait d'accord avec toi.J'ai moi aussi adoré ce musée !
Je ne connaissais pas et une très agréable surprise. Le jardin andalous adorable et très photogénique, les toiles colorées et lumineuses, et l'amour qui transparaît des portraits de ses filles et de sa femme, le musée qui est en fait un véritable repère de l'artiste, avec de beaux objets à la façon cabinet de curiosité...
Madrid est riche en très grands musées de renom, mais le musée Soralla mérite largement le détour de par son côté intimiste ! Je recommande à 100%
Il est d'ailleurs gratuit le dimanche après-midi.
Je vois qu'on partage le même coup de cœur !
Pour le prix d'entrée : le musée n'est pas cher (3 euros) et comme je le précise ci-dessus il est gratuit pour les enfants, les étudiants, les retraités... et pour tous le samedi AP et le dimanche.
J'ai grandi dans le fief des impressionnistes dans l'ouest Parisien et étant fan de ce musée, j'ai naturellement adoré le visiter et le revisiter ! Sans doute une 3ème fois pour mon prochain week-end à Madrid dans 10 jours ;)
Veinard ! :)